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Histoire du village de Laubert en Lozère (Occitanie). Chemins de randonnées: GR®43, Tour de la Margeride. |
Situé à 20 kilomètres de Mende, faisant partie de la communauté de communes Mont Lozère, la commune de Laubert a délibéré en 2017 pour rejoindre le périmètre du Pays d'Art et d'Histoire Mende et Lot en Gévaudan. Afin de souhaiter la bienvenue à cette nouvelle commune et d'inaugurer un cycle d'articles sur les communes du PAH, nous vous proposons un rapide aperçu de l'histoire de Laubert.
Laubert, Seigneurie du Chapitre de la cathédrale de Mende.
En intégrant le PAH, la commune de Laubert contribue à renforcer la cohérence historique du périmètre labellisé. En effet, après avoir appartenu au Châteauneuf-de-Randon, le fief de Laubert passe dans les mains du Chapitre de la Cathédrale de Mende. Dès le XIlle siècle, en 1265, des habitants de Laubert rendent hommage au Chapitre, reconnaissant ainsi la seigneurie de ce dernier. On estime qu'au début du XlVe siècle, le Chapitre est le seul seigneur de Laubert, les Châteauneuf-Randon lui ayant vendu l'intégralité de leurs possessions dans ce territoire. Le Chapitre reste le Seigneur de Laubert jusqu'en 1564, date à laquelle il vend son bien à Pierre de Rivière. Les raisons de cette vente restent nébuleuses, un dépouillement plus approfondi des délibérations du Chapitre permettrait probablement d'éclairer les causes et modalités de cette transaction. La famille de Rivière reste propriétaire des biens de Laubert jusqu'en 1598, à cette date, le Chapitre récupère son bien, après une première tentative avortée en 1597. Il est intéressant de remarquer que, pour rentrer en possession de son bien, le Chapitre fait annuler la première vente, argumentant que le bien aurait été vendu en dessous de sa valeur réelle. D'autre part, cette transaction est passée avec Claude Rivière, chanoine, qui accède à cette "demande", en échange d'un autre bien du Chapitre, situé à Malaval, commune de Brenoux. Le Chapitre reste ensuite unique seigneur
de Laubert jusqu'à la Révolution, où les bien sont saisis et vendus comme Bien national.
Entre le XlVe et le XVIIIe siècle, le Chapitre semble avoir pleinement joué son rôle de seigneur dans un système féodal bien établi et codifié : il détient la juridiction (haute et basse), prélève l'impôt sur ses feudataires et assure leur sécurité (et son emprise sur le territoire) en entretenant une place fortifiée où les habitants peuvent s'abriter en cas de péril. En effet, on trouve de nombreuses mentions de reconnaissances féodales ainsi que certaines sources qui indiquent qu'à partir du XVIIe siècle les habitants doivent venir entreposer leur impôt (dîmes notamment) au grenier du Chapitre à Laubert.
Une tour et une enceinte du XIVe siècle.
Il semble vraisemblable que le Chapitre soit à l'origine de son érection. En effet, le Chapitre entre en possession des derniers biens des Châteauneuf-Randon en 1322, le château de Laubert est mentionné pour la première fois en 1346. Son édification pourrait avoir été justifiée par le contexte de la Guerre de Cent Ans, mais il est plus probable qu'elle répondait plutôt à la nécessité d'assurer la maîtrise et le maillage d'un territoire. Rappelons que le Chapitre disposait d'autres fiefs, également fortifiés, comme c'était le cas du Chastel-Nouvel, dont le château est mentionné pour la première fois en 1307. Comme pour le fort du Chatel-Nouvel, nous sommes vraisemblablement en présence d'une fortification qui sert à protéger un territoire et les voies d'accès à la cité épiscopale mais qui n'a absolument pas vocation à servir de résidence au Chapitre. Le château de Laubert est gardé en permanence par un capitaine (également désigné comme le « châtelain »), nommé par le Chapitre. Cette garde peut être renforcée ponctuellement avec une petite garnison en fonction du contexte et des besoins. Nous ne disposons pas de chiffres précis concernant les garnisons qui ont pu défendre le château de Laubert mais nous pouvons extrapoler les données dont nous
disposons pour le fort du Chastel-Nouvel : l'effectif de la garnison oscille entre 5 et 17 soldats entre 1573 et 1579. Nous mentionnerons toutefois que le château de Laubert a fait l'objet de convoitise à deux reprises. La trace de ces événements est conservée dans les procédures du Chapitre, l'une d'elles mentionne un procès contre des individus ayant pris les clés pour les donner aux Anglais. Il ne faut cependant pas imaginer des assauts en bataille rangée : les intrusions dont il est fait état mentionnent des gens armés éventrant la muraille de la cour du château et pénétrant à l'intérieur de ce dernier en 1365, et un château pillé en l'absence du garde en 1373. Le château devait toutefois représenter un élément de protection important puisque sa garde est prolongée en 1392 à la demande des habitants de Pelouse.
Concernant la configuration de ce château, un document datant de 1524 nous donne des informations intéressantes et nous permet d'extraire les conclusions suivantes : Le château devait consister en une haute tour, entourée d'une enceinte qui abritait des maisons. Cette tour devait culminer à environ 18 ou 20 mètres. On pouvait dénombrer au moins trois niveau d'élévation : un niveau « d'estables », et deux niveaux comprenant chacun une pièce unique, dont la plus haute servait de chambre au capitaine du Château. Un escalier, permettant de desservir les différents niveaux se trouvait dans l'épaisseur du mur, entre le mur extérieur et le mur des salles. Tout dans cette description porte à croire que se dressait à Laubert au XVIe siècle une tour probablement érigée au XlVe siècle. Ce qui semble cohérent, compte tenu de la première mention du château en 1346. Ce château semble ensuite avoir été détruit au cours des guerres de religions, selon les sources, dans les années 1580, après la prise de Mende, par les troupes du Capitaine Merle.
Plusieurs délibérations du Chapitre mentionnent des travaux au Château de Laubert, en 1657 et en 1716. L'analyse des prix faits permettrait d'avoir davantage d'information quant à la nature des travaux réalisés. Il semble cependant logique de supposer que le château, que nous pouvons aujourd'hui encore observer à Laubert, a été construit à cette période, en remplacement du château du XlVe siècle, dans une campagne de reconstruction postérieure aux Guerres de Religions. Un élément semble pourtant avoir disparu sur le bâtiment du XVIIe siècle : les aménagements défensifs qui devaient cantonner les 4 angles du château. L'Abbé Bernard, dans sa monographie sur la famille valantin, indique qu'avant la Révolution, le château disposait de 4 tours d'angles qui furent supprimées pour éviter les impositions. Ce deuxième édifice se distinguait radicalement du précédent en termes de distribution et de vocation, En effet, le bâtiment comptait trois niveaux d'élévation, présentait un plan massé avec des salles réparties selon un axe symétrique de part et d'autre d'un escalier central. Le rez-de-chaussée comprenait d'un côté la cuisine, de l'autre une salle qui semble avoir servi de chapelle. Les étages ouvraient sur des chambres. Nous sommes donc passé d'un fort du XIVe siècle à vocation exclusivement défensive à un édifice du XVIIe siècle à vocation principalement résidentielle, bien que conservant quelques éléments défensifs. On peut s'interroge sur les motivations du Chapitre,
commanditaire vraisemblable de cette construction, d'autant plus, lorsque l'on sait que tous les fiefs endommagés lors des Guerres de Religions n'ont pas fait l'objet de reconstruction : le fort du Chastel-Nouvel n'a jamais été redressé après 1580. La seigneurie de Laubert semblait jouir d'un statut particulier qu'il serait intéressant de davantage préciser.
Après la révolution, l'affirmation d'une nouvelle Seigneurie.
Confisqué comme bien national à la Révolution, le château et les propriétés du Chapitre à Laubert sont vendus et passent successivement entre les mains du citoyen Chevalier, alors administrateur du château de Laubert, de la famille Valantin, de la famille Boyer (cousine de la famille Valantin) et de la famille Second qui est restée propriétaires pendant de nombreuses années. Ainsi, la Révolution marque la fin de la Seigneurie du Chapitre sur Laubert. On peut s'interroger sur l'impact de cet événement pour un territoire structuré par un système féodal séculaire. À Laubert, il semblerait que la Révolution, bien qu'ayant mis un terme à une organisation sociale et territoriale contrôlée par le pouvoir ecclésiastique, a permis de laisser la place à de nouveaux « seigneurs laïcs », pétris de ferveur catholique.
La Famille valantin, dont la généalogie, les charges et les possessions sont bien documentées, s'est illustrée à de nombreuses reprises dans le secteur de Laubert tout d'abord puis de Mende. Les premiers Valantin de Laubert sont mentionnés en 1616 et en 1656, l'un était muletier, l'autre marchand. Une délibération du Chapitre datant de 1721 mentionne la nécessité de « se faire rendre les clés » du château de Laubert par le Sieur Valantin qui l'occupe depuis plusieurs années pour faire un entrepôt des blés du Chapitre.
On rapporte également qu'en 1772 les Valantin bâtissent une maison à Laubert, disposant de granges et d'écuries très vastes, qui communiquaient directement avec la chapelle de Laubert au moyen d'une porte dans l'écurie. Cette érection laisse supposer que la famille jouait un rôle important dans ce territoire, voire exerçait un certain pouvoir, reste à savoir si ce pouvoir était à même de concurrencer celui du Chapitre. Il n'en demeure pas moins qu'il est assez symbolique de construire une demeure communiquant directement avec la chapelle du lieu, une partie de la grange et de l'écurie semblant même dévolue au presbytère. La chapelle dont il est question est la deuxième chapelle construite à Laubert. La première, érigée en 1278 par Bertrand de Laubert, dédiée à saint Barnabé et saint Barthélémy, est détruite au cours des Guerres de Religions, certainement en même temps que le château du XIV siècle, dans les années 1580. Elle est reconstruite en 1619 par Jean Novel, maçon de Villefort. Le prix fait indique que le maçon doit remonter les murs de la chapelle à partir des anciennes fondations. La voûte du choeur est encore en partie en place, celle de la nef est effondrée.
Dans ce document, tout porte à croire que la chapelle a été refaite à l'identique. Il semble cependant qu'en 1636 la chapelle était détruite et que les habitants en firent de nouveau bâtir une en 1773. Compte-tenu que 137 ans séparent ces deux dates, on peut supposer que la chapelle détruite en 1636 a été rebâtie, ou consolidée, et que les travaux de 1773 concernent une nouvelle reconstruction. L'emplacement de ces édifices successifs est difficile à déterminer, de même que les causes de la destruction dont il est fait mention en 1636. Il est certain que les deux premières chapelles, celle de 1278 et celle de 1619, furent construites au même emplacement, on peut supposer que ce fut également le cas pour celle de 1773. En revanche, l'édifice actuel a été construit sur une parcelle distincte, nous y reviendrons par la suite, Le cadastre de 1819 indique un « chemin de l'église de Laubert » qui longe une partie de la route nationale (un chemin qui aurait permis aux habitants de Gourgons de rejoindre la chapelle) et qui arrive au sud du village de Laubert au niveau du ruisseau.
Localiser l'emplacement de la maison Valantin, construite en 1772, dont on sait qu'elle communiquait avec la chapelle permettrait de préciser l'emplacement de la chapelle. La proximité de l'édifice avec le ruisseau permettrait également de dégager des hypothèses quant aux causes de destructions successives de ce dernier. Un édifice construit avec très peu de moyens et à proximité d'un cours d'eau est forcément plus vulnérable. À partir de 1780, les habitants signent une pétition pour que Laubert soit érigée en succursale, afin de ne plus dépendre de l'église d'Allenc. Plusieurs arguments légitiment cette demande : l'hiver, la neige rend le chemin qui mène à Allenc impraticable, en cas de brouillard, les gens s'égarent, des enfants meurent sans baptême ou en allant à Allenc pour recevoir le baptême, les malades meurent sans avoir reçu les sacrements, les villageois sont contraints de garder les morts plusieurs jours sans sépulture et ceux qui les emmènent à Allenc encourent eux-mêmes la mort. Laubert sera finalement érigée en succursale en 1820. L'église sera quant à elle construite en 1822, sur une parcelle donnée par la famille Valantin. Afin de mieux comprendre les motivations de la famille Valantin, il est ici nécessaire de présenter un peu plus en détail cette dernière. Antoine Valantin, fils de Louis Valantin, était lieutenant particulier du Baillage du Gévaudan, il a succédé à son père dans sa charge, avant que celle-ci ne soit supprimée en 1790. Bien qu'habitant à Mende, la famille revint à Laubert pendant la Révolution. Antoine Valantin a écrit un journal pendant ces années, qui a été publié à partir de 1891 sous forme d'un feuilleton dans le Courrier de la Lozère, sous le titre « Mémoires d'un bourgeois de Mende pendant la Révolution ». Il voyait en Robespierre un tyran et comparait l'Église au sortir de la Révolution à Israël au retour de la Captivité. Par ailleurs, Antoine Valantin a eu cinq fils, dont quatre qui s'illustrèrent comme Jésuites, trois partirent à Paris pour leur formation en 1814 et le quatrième suivit ses aînés en 1815. Le cinquième, le docteur Man Valantin, fut médecin des épidémies et de l'Hospice de Mende pendant 30 ans et soignait gratuitement tous les pauvres. C'est ce dernier qui fit construire l'église de Laubert. Parmi les Jésuites, Louis fut le Recteur du collège de Mende et Daniel fut le Supérieur du Grand Séminaire de Mende de 1853 à 1858.
C'est donc dans cette famille, que grandit le Docteur Alban Valantin. De fait, nous sommes plus à même de comprendre sa mobilisation lors de la construction de l'église de Laubert. Non seulement il a donné une parcelle pour l'édification de l'édifice, du presbytère et du jardin, mais il a également acheté le couderc (les habitants vendaient alors une partie des communaux pour payer les maçons), payé une taxe pour le traitement du prêtre, procuré l'intégralité du mobilier de l'église (dont le retable de l'autel provenant de l'église des Capucins) et payé en partie les trois cloches. Son implication lui a valu d'être remercié lors du premier conseil de Fabrique, en 1824: on lui a alors accordé la propriété de la chapelle Saint-Barnabé, ainsi qu'un banc dans cette chapelle pour lui et sa famille. Cet acte, très symbolique s'inscrit dans une tradition médiévale bien ancrée et montre bien la place de la famille Valantin et son rôle social et politique dans l'ancienne seigneurie de Laubert, après la Révolution. Les Valantin, vassaux du Chapitre sous l'Ancien Régime, chapelains du château de Laubert, font ériger une propriété dont on ne peut nier la fonction hautement ostentatoire, quelques années après la récupération des clés du château par le Chapitre. Après la Révolution, la famille s'abrite à Laubert, puis elle fait preuve d'importantes largesses lors de la fondation de l'église. Nous mentionnerons enfin que, tel un pied de nez à l'histoire, la famille Valantin rachète le Château de Laubert après la Révolution avant de le céder à ses cousins. La famille semble donc jouer un rôle, dans la lignée du Chapitre, pérennisant une forme d'organisation sociale et maintenant certaines valeurs pourtant battues en brèches lors de la Révolution. par Elsa Loupandine
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